Notre presqu’ile n’est pas à un émirat pour ultra-riches !
« Notre presqu’ile n’est pas un émirat qu’on laisse vendre aux enchères aux ultra-riches quand tant de résidents cherchent un logement à prix raisonnable dans nos villages ».
Aujourd’hui, j’ai été le seul élu de la commune et le seul candidat aux municipales à me rendre à une vente un peu spéciale. Un terrain forestier au bord de l’eau de 9 hectares, situé entre Le Four et Les Jacquets, était mis aux enchères. Mis à prix à la somme extravagante de 3 millions d’euros, le lot est finalement parti à la somme folle de 12,2 millions d’euros ; pour un terrain au bord de l’eau ! L’acquéreur étant un investisseur français déjà très engagé dans le rachat de biens sur la presqu’île… Il n’empêche, ce terrain est en fait le premier lot d’un ensemble foncier bien plus vaste de plus de 130 hectares de forêt, dissocié des parcelles en première ligne du bassin.
Cette vente est tout simplement scandaleuse et condamne notre art de vivre et nos valeurs dans nos villages.
D’abord, cette vente ouvre la porte à une privatisation silencieuse de la forêt, au profit d’intérêts privés lointains, alors même que subsistent encore des habitations modestes louées à l’année, disséminées au cœur de la nature. Cette vente, avec une mise à prix à 10 millions d’euros la parcelle était réservée de fait à une minorité de très gros investisseurs ou de promoteurs exogènes. Ce n’est pas un marché libre, c’est un marché verrouillé par l’argent, où l’intérêt général est toujours perdant.
Ensuite, c’est la garantie d’une catastrophe écologique à venir. Le terrain est classé en zone NF, en zone rouge du PPRL. En théorie, un acheteur ne pourra reconstruire qu’à l’identique. En pratique, l’histoire du littoral montre que cet “identique” devient souvent plus grand, plus luxueux, plus permanent, au fil des dérogations et des contentieux. La loi protège sur le papier ; la pression immobilière fait le reste.
Enfin, c’est aussi une bombe sociale. Lège – Cap Ferret subit déjà la flambée des prix, la disparition des logements pour les actifs et l’effondrement de la mixité
sociale. Chaque opération de ce type accélère la transformation de la presqu’île en territoire de résidences secondaires de luxe, vidée progressivement de ses habitants permanents. Sans volonté politique forte, Lège – Cap Ferret deviendra définitivement un territoire d’exclusion par le foncier.
Ce dossier n’est pas donc pas une simple affaire de plus de spéculation immobilière : c’est un test politique majeur pour l’avenir de Lège-Cap Ferret.
Face à ce scandale annoncé, le maire et son équipe n’ont rien fait d’autre que de demander opportunément le report de cette vente après les élections municipales au moyen d’un référé en urgence. Or, quel affront fait à nos villages, non seulement le maire a été débouté de sa demande mais la commune a même été condamnée à 2000 euros de dommages et intérêts pour avoir voulu entraver cette procédure de vente par un référé bien mal ficelé, bien mal préparé. Chapeau l’artiste : l’inefficacité, le blâme et le ridicule !
Ce scandale est révélateur du manque total de vision de la mairie et atteste de l’impuissance publique face à la privatisation de notre bien commun et de notre avenir. La vraie question n’était pas seulement : comment retarder cette vente ? mais comment reprendre collectivement la main sur les 130 hectares de forêt pour les décennies à venir ?